Ailefroide Centrale - arête de Coste Rouge (3927m)

Date: 05-06-2009

Massif: Ecrins

Participants: Juraj

Horaires: [dimanche] 3H30 (approche) + 9H (arête) + 12h (descente) ; [lundi] 5h (descente)

Topo: description C2C; photo de l'arête

Difficulté: l'escalade de l'arête est assez soutenue mais se fait bien; la descente par contre n'est pas à sous estimer et la détérioration des conditions météo ne nous a pas aidé

Remarque: lever à 2h du matin aux balmes de François Blanc, on décolle doucement 3/4h plus tard (la journée promet d'être longue et il faut garder des forces, donc rien ne sert de se presser). A 5h on arrive au pied du couloir de Coste Rouge dont le bas est sec. Une première longueur en rocher moisi avec l'eau qui coule au milieu se charge de bien nous réveiller. On finit par arriver au col vers 6h avec un beau lever de soleil en prime.

Remarque: Le début de l'arête se passe plutôt bien avec Juraj en tête jusqu'au pied de la Tour du Géant. Ensuite je prends les commandes jusqu'au sommet de la Tour du Géant et je me fourvoie direct en prenant trop à droite: du IV+ bien vertical en rocher moisi bien exigeant: Bilan: et une bonne heure de perdue!
La suite s'avère un peu plus délicate avec quelques zones en neige. Un dièdre cheminée complètement gelé en rochers branlant vaudra un bon combat à Juraj (les crampons étant restés dans le sac). Quant-à la partie finale on a peut-être pris trop à gauche mais je n'en suis pas sûr, en tout cas c'était bien délicat (un peu de glace, blocs bralants) et très raide.

Remarque: Arrivée au sommet vers 15h30, soit 9h30 sur l'arête. 2h de plus que ce qu'on avait prévu, l'erreur d'itinéraire et les conditions délicates du haut nous auront couté cher. Bon c'est pas tout ça, mais il faudrait peut-être penser à descendre maintenant. Surtout qu'ils ont annoncé des orages en fin d'après midi et que les cumulus commencent à devenir menaçants. Tiens, il commence même à floconner...

Remarque: Désescalade d'une centaine mètres dans le terrain immonde de la face S pour rejoindre le premier rappel puis c'est parti pour un paquet de rappels. On avait pris juste un brin de 50m ce qui rend la descente très chiante et beaucoup plus longue, mais ça passe plutôt bien. Grosse averse de neige dans les 5derniers rappels puis l'orage éclate dans les 2 derniers rappels. Les éclairs et les coups de tonnerre nous rappellent qu'on est bien insignifiant face à la montagne, en tout cas on est bien dans la merde!
Petite pause d'1h au dernier relais sous un léger dévers permettant d'être relativement à l'abri de la pluie/neige en attendant que l'orage se passe... Je comptais redescendre direct par le glacier (déjà descendu à ski et lors de la traversée des Ailefroides) mais c'est hors de question de s'y engager vu l'absence de visibilité... Rejoindre la descente de l'Orientale semble plus sûr mais on n'a pas pris le topo et je crois me souvenir que c'est assez paumatoire... Que faire? On décide d'appeler le PGHM pour leur demander conseil, apparement ça passe, mais au moment où je me décide à les appeler une éclaircie nous permet de voir le bas, du coup je range le téléphone, on tire notre dernier rappel et on décide de rejoindre la voie normale de l'Orientale.

Remarque: après une première erreur d'itinéraire pour rejoindre la "banane" de l'Orientale (on a coupé 100m trop bas, obligeant à remonter un raide couloir en brassant jusqu'au dessus du genou) on tombe enfin sur la voie normale de descente que l'on dévale au plus vite jusqu'aux vires. Tout doucement la nuit tombe et le brouillard nous avale. On poursuit tranquillement notre descente scabreuse (pas évident de trouver le bon cheminement surtout qu'on est clairement plus dans la voie normale). Arrivés au dessus d'une énième barre qui semble ne pas passer, Juraj craque et se fout dans son sac de couchage une petite heure histoire de se reposer et de se réchauffer les pieds. Pendant ce temps là je visite les différentes possibilités du secteur et cherche un bon béquet pour tirer un rappel. 1h plus tard on tire donc un rappel pour franchir la barre puis on continue notre cheminement jusqu'à une nouvelle barre. Cette fois j'ai beau cherché en long, en large, et en travers, je ne vois pas de solution simple et ma frontale n'éclaire plus trop bien. Au bout d'1h je craque, on dormira donc là. Petit coup d'oeil à mon portable: il est 3h15 du matin...

Remarque: 3h plus tard on se réveille tranquillement avec le soleil:
- (Juraj) Nico?!
- humpf
- Nico?!
- hmpff, quoi!
- je vais appeler les secours!
- hmpff, si tu veux...
oui mais voilà, ça ne passe pas. Tant pis, je reprends les choses en main et trouve un passage en désescalade de cette barre qui nous semblait infranchissable 3h plus tôt. C'est fini, c'était la dernière difficulté, en fait il nous restait 30m et on avait fini...
Retour à Ailefroide par le long vallon du Sélé et petit crochet pour Juraj au refuge du Sélé pour rassurer les proches.

Remarque: au final:
- une bonne expérience,
- quelques gelures superficielles,
- et une grosse fatigue après coup.
Quand est ce qu'on y retourne? ;-)

J'adore quand un plan se déroule sans accroc! (Hannibal Smith)