Le Butoban (3400m)

Date: 19-07-2008

Massif: Ecrins

Participants: Eric et Julien M.

Horaires: 18h30 pauses comprises...

Topo: description C2C

Remarque: Encore un weekend annoncé pourri (pluie tout le dimanche), obligeant une nouvelle fois à partir à l'arrache le vendredi soir après le boulot... Direction donc le Valgaudemar, plus précisément le parking du chalet hôtel du Gioberney, où nous nous posons dans le pré vers 21h30 pour une courte nuit: lever 2h30. Au programme, une course qui me tient à coeur depuis longtemps, la voie Reynier aux Bans, 2400m à la journée et AD sur plus de 1000m. Aucune info dessus mise à part:
- les quelques lignes du Labande: "suivre des rampes et des cheminées"
- les 100plus belles de Rébuffat: "...on ne peut pas dire qu'elle est belle, mais elle a du charme: on s'y sent perdu et à une époque où tout est de plus en plus organisé, indiqué, programmé, c'est une merveilleuse et rare sensation", "L'attrait de cette course, déserte, peu fréquentée, est d'être éloignéede tout: du monde et des modes. Elle est un lien avec les pionniers et une façon de retrouver un mystère."
- quelques infos d'Olivier qui l'a fait en hiver et qui la résume en 4mots: "long, sauvage, peu protégeable..."
Fab, qui devait nous accompagner, a préféré lâcher l'affaire, prétextant des maux de ventres... Nous serons donc 3: Eric, Julien et moi.

Remarque: Départ à 3h du matin, alors que les clients de l'hôtel rentrent de boite de nuit ;-) Remontée sympatique du vallon de la condamine à la lumière de la pleine lune, plusieurs torrents à gros début à traverser mais on s'en est pas trop mal sortis. Grosse pause à 5h30 sous la rimaye en attendant une meilleure lumière du jour pour attaquer les difficultés. La rimaye est absolument dantesque, mais on réussit à l'éviter en traversant diagonalement vers la droite pour atteindre le rocher. Après avoir quitté les crampons, je m'élance en tête pour cette première longueur d'apparence anodine, pour me retrouver complètement taquet en moins de 2: rocher raide compact poli par le retrait glaciaire et très peu prisu. Après un certain temps, ça finit par passer, plus que 1000m et on est en haut. La suite est beaucoup plus facile et ne justifie pas la cotation AD, c'est plutôt du bon terrain à chamois où on sillonne dans la face à la recherche des passages les plus faciles. Nous finissons par rattrapper notre retard de la première longueur, et rejoignons le soleil une centaine de mètres sous le Glacier Supérieur N de la Condamine.

Remarque: bonne pause avant d'attaquer les dernières difficultés. Coup d'oeil au Labande sur la suite résumée très simplement: "escalader une cheminée sillonnant la base de la face du sommet NW, puis un mur de rochers gris cassants, pour gagner le sommet NW". Il y a bien une cheminée visible dans la face, mais comme le fait justement remarquer Julien, elle ne "sillonne" pas la face mais elle la "raye". Elle est d'aspect peu engageante, mais on n'en voit pas d'autres (ou plutôt, on ne voit que celle là). On finit donc par s'y diriger non sans quelques appréhensions, mais comme aucun de mes acolytes ne se sent d'y aller ("perso je le sens pas, mais si tu le sens, vas-y", merci les gars ;-) ) et ne propose de solutions, c'est moi qui finit par m'y coller. Le rocher verglacé m'oblige à garder les crampons sur du bon rocher compact, ça commence par une traversée de 2m au dessus d'un profond trou, puis ça part droit dans du vertical peu prisu. Tout doucement je réussis à mettre une sangle, puis un friend, puis un autre friend, et là je ne le sens plus. Ya quasiment plus rien pour les mains, l'onglée commence à poindre et un regard vers le haut montre clairement que la suite est déversante. Je me retourne: "Julien, j'le sens pas là, j'redescend!". Plus facile à dire qu'à faire, j'ai bien cru qu'on allait y laisser un friend, mais finalement je réussis à rejoindre le glacier d'où l'on rejoint rapidement sa partie ensoleillée beaucoup plus chaleureuse.

Remarque: Bon, et bien qu'est ce qu'on fait maintenant? L'accès direct par le socle ne semble pas possible, et la redescente par la voie de montée ne me tente pas du tout... Je finis par apercevoir une possible échapattoire, un raide couloir de neige et d'éboulis permet d'accéder à une brèche et de gagner l'arête W des Bans juste à droite de l'épaule NW. Ensuite ya plus qu'à suivre l'arête jusqu'au sommet NW... ya plus qu'à... Arrivés à la brèche, on se dit que finalement ce serait peut-être pas mal de dormir à la Pilatte ce soir. Mais le téléphone de Julien est quasiment déchargé, Eric n'en a pas, et moi je suis chez Bouyghes: en clair c'est impossible de joindre le refuge, tant pis, on continue... Le fil de l'arête a l'air bien délicat pour du AD, du coup je préfère traverser à flanc en versant N, c'est délicat (glace, neige pourrie, rochers branlants) mais assez bien protégeable. Je finis par rejoindre une 2è brèche peu marquée où je fais relais. Notre rythme est trop lent, ça ne va pas du tout, la suite n'a pas l'air plus facile et si ça continue comme ça on va dormir au sommet! Bon, ma décision est prise: on s'casse d'ici maintenant! Un simple rappel en versant S nous ramène sur le Glacier Supérieur N de la Condamine, c'est donc parti pour 1000m de désescalade à la grande joie de Julien ;-) Désescalade facile et rapide (si on est à l'aise) jusqu'à la cheminée où nous nous réencordons pour la partie du bas qui est plus technique. Un dernier rappel nous amène à la rimaye, synonyme de fin des difficultés. Arrivée au parking complètement explosé vers 21h30 pour une course dont on se souviendra longtemps.

Remarque: Au final une bonne leçon qui remet les idées en place car j'ai sous estimé la course (seulement AD?), le niveau de mes compagnons (ah la désescalade!) et le nombre de participants (3 c'est trop, la perte de temps n'est plus négligeable sur une telle longueur). Pour conclure, Eric a décidé de se consacrer uniquement à la planche à voile, Julien revoit ses objectifs à la baisse et prévoit de désescalader en solo toutes les voies du "Petit Désert" pour progresser, et moi je ne sais pas trop... pourquoi pas la voie Thomas à côté de la Reynier ;-)

vue sur le Sirac, du parking du gioberney au dessus de la rimaye, juste après la 1ère longueur technique le soleil n'est pas loin petite pause vue sur le vallon de la Condamine dernière partie rocheuse avant le glacier supérieur . du côté du Vieux Chaillol Epaule S des Bans, Brèche des Bans, Pic des Aupillous montée à la brèche, à droite de l'épaule NW des Bans rocher bien pourri en arrivant à la brèche en face N de l'arête W joli toboggan rappel: on quitte l'arête pour un retour par la voie normale, c'est le but... vue sur la tentative dans le socle sommital et sa cheminée déversante. Erreur d'itinéraire? glacier supérieur S de la Condamine . désescalade un poil technique par endroit terrain à chamois pause au dessus de la rimaye, fin des difficultés dernières lueurs...

vue sur les Rouies, face SE

 

Vos commentaires sur cette sortie:

Fab (écrit le 23/07/2008 à 14:07:15)

A choisir entre un mal de ventre (imaginaire diront certains) et un bavante (bien réelle celle ci) mon cœur balance .....

jczz (écrit le 01/01/2009 à 16:17:07)

J'ai fait cette voie en 2004 avec un guide de Gap.
Il n'y avait pas de rimaye, ni rien de délicat au début.
Bivouac sur la belle banquette quand on arrive au glacier supérieur de la Condamine.
Plus vraiment souvenir de la cheminée pour s'en échapper, ça n'a pas été spécialement dur, on a juste salopé le glacier avec des quintaux de caillasses. Mais c'était bien par là, peut-etre 5Om plus haut ou plus bas maxi par rapport à ta photo.
C'est un peu plus haut, à mi-chemin de l'arete faitière, versant sud-est, qu'on a eu un pas galère pour sortir d'un petit couloir: surmonter un mur tournant 100% Oisans, franchi à l'aveuglette et au moral!
Mais bon, la voie, ,on a du etre dedans... le tiers du temps!
Ensuite, traversée-belvédère jusqu'au sommet sud,
et retour par la Pilatte et le col du Gio.

Niko (webmaster) (écrit le 01/01/2009 à 18:28:59)

Merci pour ces infos, j'en ai discuté aussi avec un copain qui l'a parcouru en hiver, apparement le bon passage du socle sommital se situe une cinquantaine de mètres à droite en contrebas...

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