Face NW de l'Obiou - but 50m sous le sommet (2789m)

Date: 02-05-2008

Massif: Devoluy

Participants: Bruno, Olivier et Xavier

Horaires: 15h

Topo: description C2C

Difficulté: trouver le bon cheminement dans le socle sommital; savoir renoncer

Remarque: voir les photos+commentaires sur le blog de Bruno et sur C2C

Remarque: après la mise en jambe de la veille au Pieroux et une nuit surchauffée à la Maison Forestière de Peiseiriou, on se lève vers 4h avec pour objectif l'Obiou et sa face NW. Après 20minutes de voiture jusqu'au Col des Faisses on attaque vers 5h30 l'approche tranquille menant au "Petit Endroit" où nous avons droit au lever de soleil avant de basculer à l'ombre de la face N. Ensuite traversée expo en diagonale de toute la face sur des bandes de neiges raides toujours protégeables, puis montée droit dans la face pour buter sur le socle sommital d'où l'on rejoint un système de double vire que l'on suit sur une centaine de mètres pour trouver une faiblesse dans la barre (couloir-goulotte très encaissé). Jusque là pas de problème, ça fait 6h qu'on a quitté le parking et ça déroule bien.

Remarque: Bruno attend que j'arrive pour avoir confirmation de l'itinéraire, en effet on n'a pas pris de topo parce que Bruno estimait le tracé sur photo assez évident, et parce que j'avais déjà réalisé la voie en été. En clair, le topo c'est moi, ou plutôt ma mémoire, le problème c'est que mise à part la vire je ne reconnais rien. Déjà en été nous avions eu du mal à trouver le départ de la voie (bout d'aile d'avion coincé), mais là force est de constater qu'il y a de la neige... ;-)
Le couloir-goulotte semble vraiment évident, et nous nous y engageons sans problème. Quelques ressauts mixteux agrémentent le cheminement jusqu'à arriver à une cheminée raide dont la sortie est défendue par un surplomb. Lors de mon passage estival, il y avait bien une cheminée très raide à franchir, mais nulle trace de surplomb (obstacle que j'appréhende par dessus tout) dans mes souvenirs... Grâce à une technique ayant déjà souvent fait ses preuves, j'arrive à faire passer Olivier devant. Il met 5points, fait 5m, et déclare qu'il n'a plus de bras pour continuer. C'est donc à mon tour d'y aller (Xav me demande si je compte garder les crampons pour ce passage, très drôle...). Je fais les 5m équipés (putain c'est vraiment raide et technique, plus que dans mes souvenirs mais c'est peut-être du aux crampons), la suite est beaucoup plus délicate car c'est à moi maintenant de l'équiper, c'est vraiment chaud. Je vois une bonne terrasse pour le pied, l'effleure d'une pointe et, ô bordel, ça bouge! C'est une énorme pavasse posée là subtilement qui ne demande qu'à partir, cette fois c'est sûr on n'est plus dans la bonne voie car le rocher était excellent dans la cheminée de mes souvenirs. J'arrive laborieusement à atteindre le surplomb, mais trop éprouvé psychologiquement, je ne me sens pas de le franchir, c'est un truc de grimpeur... Je me fais redescendre, et là c'est Xav qui y va à son tour. Après une petite heure à batailler, il réussira finalement à franchir l'obstacle. Cool!
- "t'es au relais Xav?"
- "ouais, mais là c'est un peu chaud... je vais mettre un spit je crois..."
- "et après, c'est plus facile?"
- "ouais, ya juste une traversée un peu chaude..."
Bon, pendant que Xav s'adonne aux joies du tamponnoir, je découvre une broche/piton avec maillon rapide à côté de notre relais. Bruno et moi nous regardons: "un maillon de retraite en rappel?". C'est là que Xav s'exclame: "j'ai trouvé un coinceur!". Bruno et moi nous regardons une nouvelle fois: "un coinceur de retraite en rappel?". Le doute s'installe... Serait-ce quand même la bonne voie? Quelqu'un d'autre aurait-il eu les mêmes problèmes que nous et serait redescendu en rappel? Mystère....
Après avoir foiré le premier spit, Xav en pose un 2è, et finit par déclarer que le relais est bon. Olivier le rejoint rapidement et rajoute un piton au relais. "Bon alors elle est comment cette traversée?" leur demandons nous frigorifiés par l'attente. "C'est ok", nous répondent-ils. Faudra m'expliquer comment une traversée dans un premier temps "chaude", se transforme par miracle en traversée "ok"... Toujours est-il que je finis par les rejoindre laborieusement sur un relais des plus inconfortables, je jette un coup d'oeil à la "traversée ok" et hallucine complètement. C'est pire que ce que j'imaginais, une traversée en dalle très raide d'une dizaine de mètres sans savoir si ça passe derrière et d'apparence peu protégeable (même si Xav assure avoir vu une bonne lunule 10m plus loin). Il y a également l'option directe dans une cheminée déversante que Xav envisage éventuellement mais sans crampons... Bon, j'ai bien compris, il faut prendre une décision: "ON S'CASSE MAINTENANT!".

Remarque: retour en 2rappels sur la vire qui est maintenant au soleil, il est 16h passé, la face commence à sérieusement chauffer et il ne faut pas trainer. Je travers l'intégralité de la vire au pas de course en jetant quelques coups d'oeil vers le haut à la recherche du bon passage, en vain... Je finis par arriver au bout de la vire, monte de 4m en rocher et découvre avec joie un rappel équipé pour rejoindre l'épaule neigeuse au N de la barre sommitale, le soulagement m'envahit, c'est terminé... J'informe Bruno des 3 possibilités que nous avons:
1. camper sur la vire en attendant le regel pour revenir sous nos pas
2. continuer à grimper tout droit jusqu'au sommet (cette partie est purement rocheuse et a l'air jouable)
3. tirer un rappel pour atteindre l'épaule et essayer de descendre de l'autre côté
Après une tentative de l'option2, c'est finalement l'option3 qui l'emportera. Petite pause sur l'épaule avec quelques regrets de manquer le sommet de si peu, puis nous nous engageons dans la descente qui s'avèrera finalement très facile et rapidement parcourue. Derniers regards sur cet Obiou, avant de regagner la Maison Forestière de Peiseiriou pour un repos bien mérité...