Date: 16-05-2004
Massif: Valais
Participants: Thierry E., Nicole, Cornélius, Eliane et moi
Difficulté: la très haute altitude, le dénivelé important et la foule!
Remarque: réveil à 3h30, la journée s'annonce bien car j'ai très bien dormi mais malheureusement une surprise m'attend pour le petit déjeuner: il n'y a qu'un seul service contrairement à la veille. Imaginez 150 personnes dans une pièce où il y a 80 places, la moitié de ces gens avait déjà leur baudrier avec broches à glaces et tout le matos (sûrement pour éviter de se faire aspirer par la marée humaine en se vachant à la table à défaut d'être assis; je suppose qu'en été ils doivent mettre leurs crampons directement dans le refuge pour gagner du temps!). 5minutes pour traverser la pièce et atteindre le petit déjeuner (c'est un self service le matin) et pour comprendre qu'il ne reste quasiment plus rien (plus de pain, un petit fond de jus d'orange par ci, un reste de lait froid par là, dans un éclair de lucidité j'arrive à empoigner une poignée de céréales que je m'empresse d'avaler avant de me faire piétiner), en bref c'était un grand moment de fraternité où l'instinct animal de l'être humain atteind son paroxisme (on en redemanderait presque tellement c'est bon)
Remarque: je manque de peu de me battre avec un italien qui refuse de se pousser pour que je puisse récupérer mon sac et j'arrive enfin à m'extraire de ce cauchemar infernal. Je n'ai plus aucune envie de faire le sommet et si ça ne tenait qu'à moi je redescendrais directement à Zermatt mais ce n'est pas possible vue que je dois ramener Cornélius. Je le préviens donc de mon écoeurement et qu'il est hors de question de rester dans ce refuge un jour de plus: retour à Grenoble après la course!
Remarque: On chausse les skis et c'est parti: 150 frontales s'éparpillent sur le Monte Rosagletscher avec le même objectif: la pointe Dufour ou la Nordend. 1800m de dénivelé pour atteindre 4600m je n'y ai jamais cru mais la veille j'espérais quand même y arriver, ce matin je sais que je n'y arriverai pas (pas de petit déjeuner, trop de monde, et un écoeurement total) je me fixe donc l'objectif du Silbersattel (col à 4515m entre les 2 pointes)
Remarque: au-dessus de 4000m la fatigue se fait sévèrement sentir (les jambes deviennent très lourdes, un marteau piqueur remplace le cerveau...), Eliane veut faire demi-tour mais je réussis à la motiver et la traîner jusqu'à 4400m où après une pause et un peu de chocolat elle repart comme une fusée et me laisse tout seul (je me demande bien ce qu'il y avait dans ce chocolat?). Je continue de me traîner vers ce maudit col, pas après pas, mètre après mètre, quand tout à coup je vois Nicole et Thierry redescendre du col. Le 1% de motivation qu'il me restait disparait tout à coup et je décide de redescendre avec eux (j'ai du m'arrêter vers 4480m environ)
Remarque: arrivés au refuge, Nicole et Thierry redescendent sur Zermatt (boulot le lendemain) et moi j'attend Cornélius (qui a fait la Nordend avec Eliane) pour redescendre également. Il arrive enfin mais il est trop tard pour redescendre (ça nous ferait arriver à Grenoble vers minuit et ça me fait chier) donc on reste une nuit de plus dans ce magnifique refuge pour tenter une course plus facile le lendemain. Heureusement le weekend étant fini il n'y a plus que 50 personnes, ce qui est nettement plus agréable
MORALITE: ne jamais tenter le Mont-Rose un week-end!
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